Du bonheur au travail

A défaut d’écouter André Comte Sponville dans l’épisode de la semaine, allez le voir quelques instants dans l’une de ses videos sur Youtube. C’est drôle, fin, didactique et au fond très juste. 

Si la philosophie peut se définir comme un chemin à la recherche de la vérité, il ne faut pas s’étonner qu’André Comte Sponville fasse partie avec Julia de Funes ou Luc Ferry de ces essayistes contemporains ayant rendu leur discipline accessible à tous. Nous avons tous soif de vérité. En les écoutant, nous comprenons si aisément la portée des textes de leurs illustres prédécesseurs qu’ils n’hésitent pourtant parfois pas à égratigner. Car malheureusement, en philosophie, beaucoup de vérités sont relatives. C’est ce qui explique que certaines des personnes que je viens de citer vous donneront des boutons en les lisant. Au moins ont-ils le mérite d’être particulièrement clairs dans leur pensée. (Je parle ici de nos contemporains, pas de leurs prédécesseurs !)

J’ai découvert par hasard André Comte Sponville en me perdant un jour sur Youtube. Je suis tombé sur un extrait d’une conférence qu’il avait donnée à des étudiants en médecine à Genève. Elle est plus bas dans cette lettre. 2 millions de vues pour de la philo, respect. Il est soudainement apparu, comme par magie.

Le hasard et la magie n’ont pourtant rien à voir avec l’intelligence des lignes de code de Google, mais j’aime bien l’idée. La toute-puissance de ma pire amie digitale ne pouvait cependant pas voir les quelques ouvrages de philosophie en train de prendre la poussière depuis des années dans ma bibliothèque. Avec en haut de la pile car le plus lu pendant un temps et donc le plus sale, L’insoutenable légèreté de l’être de Kundera. Alors comment diable Youtube a-t-elle pu me présenter un philosophe ?

Peut-être qu’en s’intéressant à moi et en allant chercher les actionnaires de BlueBirds que je dirige le moteur de recherche avait-il découvert une société au nom aussi abscond pour un étranger qu’identitaire pour moi : LBAT Consulting. LBAT comme Le Bonheur Au Travail.

Si donc Google m’avait aidé à tomber sur André Comte Sponville comme on se cogne contre quelqu’un dans la rue par inattention, c’est que la firme américaine avait détecté, je suppose, mon attrait pour l’un des sujets de prédilection du philosophe depuis qu’il anime des séminaires pour entreprise : le bonheur au travail.

C’était donc un peu un fan qui tendait le micro dans l’épisode de la semaine. 

Levez les yeux lundi prochain en arrivant sur votre lieu de travail et dites-vous ceci : la moitié de ceux que vous regardez en ce moment même réfléchissent à quitter leur employeur. Ils ne sont pas particulièrement épanouis ici. Ils ne sont pas forcément malheureux non plus, mais ils se verraient bien ailleurs. Et si c’est votre équipe que vous serez en train de regarder, sachez par ailleurs que 70% des salariés quittent leur employeur à cause d’un désalignement ou d’une mésentente avec leur manager. Je dis cela je dis rien!

Je m’en voudrais de déflorer dans ces lignes certains des secrets qu’André partagent avec nous dans l’épisode de la semaine, mais vous en connaissez déjà un si vous m’avez lu il y a quelques jours dans ces mêmes lignes : « le bonheur peut se définir comme le contraire du malheur ». Nous avons du mal à nous définir le bonheur. C’est quand il nous quitte qu’il se rappelle à nous dit Jacques Prévers :

« J’ai reconnu le bonheur au bruit qu’il a fait en partant »

Pourtant, le bonheur au travail, c’est bien possible. C’est même souhaitable. Vous serez meilleurs en tout nous dit dans ce cas Richard Branson, fondateur de Virgin. Sagesse et poésie seraient-elles les étapes incontournables au bonheur dans le travail au point de s’envoyer dans l’espace ?

Martin