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De notre appauvrissement

Un Français sur deux saute au moins un repas par jour.

Un Français sur trois se retrouve avec moins de 100 Euros sur son compte bancaire le 10 du mois. Un Français sur dix est déjà à découvert à cette date (source : étude Ifop pour MonPetitForfait, mai 2023).

Les Restos du Coeur distribueront l’hiver prochain 160 millions de repas. C’était 75 millions en 2006.

Nous nous appauvrissons.

Pour mieux mesurer ce phénomène, je vous invite à découvrir les excellents rapports du Secours Catholiques. On considère comme « pauvre » une personne vivant avec moins de 60% du revenu median de la population. (J’ai un vrai doute sur la pertinence de cet indicateur : mesurer la pauvreté sur une échelle de revenus et donc de flux de richesse crée le risque d’une mesure relative et non pas absolue. On est toujours plus pauvre ou plus riche qu’un autre, mais peut-on vivre dignement avec son revenu tel qu’il est? Celles et ceux qui travaillent et qui pourtant n’arrivent pas à aller au bout du mois le savent mieux que quiconque.) Ils étaient un peu plus de 9 millions en France en 2019 sous ce seuil, soit un peu moins de 15%. En Belgique, ce sont 22% des citoyens qui vivent désormais sous ce seuil. Presque un quart de sa population! C’est ce qui m’a amené à m’entretenir avec Bruno Colmant dans l’épisode de la semaine.

Sur le seul plan immobilier, première source de dépenses des ménages, vous aurez un bon aperçu des problèmes des plus modestes d’entre nous sur le site de la Fondation Abbé Pierre. Plus de 4 millions de Français ne sont pas ou mal logés. Près de 2,4 millions de ménages attendent d’être logés en HLM. Ils étaient 1 million en 2000. En vérité, la diminution du pouvoir d’achat en matière immobilière a touché tous les Français depuis 20 ans, mais ce serait trop long ici à raconter. Retenez peut-être une seule chose : le prix du mètre carré en France a crû bien plus vite que les salaires. Partant, le pouvoir d’achat immobilier des ménages s’est réduit et les locataires vivent dans des logements de plus en plus petits quand ils arrivent à en trouver un.

Difficile de donner une définition précise de l’appauvrissement. Mais de même qu’André Comte Sponville avec qui je me suis entretenu récemment définit le bonheur comme étant le contraire du malheur – l’épisode sortira bientôt – l’appauvrissement peut s’envisager comme le contraire de l’enrichissement.

Regardons donc quelques chiffres de notre enrichissement réel, supposé, ou a minima souhaité quand il n’est pas honni pour des raisons essentiellement environnementales. Depuis que je diffuse des messages plus intensément sur LinkedIn, je peux mieux mesurer ce qui accroche davantage les lecteurs. Et je vois bien qu’un sujet barbe presque toute le monde, c’est l’économie. C’est ballot, parce que parler d’économie implique souvent de parler de création de richesse.

François Lenglet ne me contredira pas. Il essaie de compenser l’ennui qu’il provoque avec son thème fétiche, l’économie, par le ton et la forme agréée d’une coiffure qui dit déjà l’essentiel de l’attention qu’il capte de son auditoire : elle est absente. Il ne faut pas lui en vouloir mais au contraire l’en plaindre. On lui a donné le sujet de l’économie, il n’a pas choisi qu’elle ne vous intéresse pas. Et quant à ses cheveux manquants, il n’a pas choisi non plus. C’est un homme qui s’intéresse depuis toujours à l’économie et qui se dégarnit qui vous l’affirme. 

Tant pis donc, il faut bien passer par là. Partageons quelques chiffres. Promis, je serai bref. 

Commencez tout d’abord par lire un vieil édito que j’avais écrit en 2021 pour BlueBirds. Il est ici. En voici un extrait.

« Nous sommes placés au 29ème rang mondial en termes de PIB par habitant. En 20 ans, des pays comme Israël, la Nouvelle Zélande et l’Australie nous ont dépassés. L’écart s’est particulièrement creusé avec l’Irlande, la Belgique, la Suède, les Pays-Bas, l’Autriche, la Finlande, l’Allemagne, le Canada ou encore Singapour qui étaient tous déjà devant nous. (source : U.S. Data and Statistics | USAGov). En un mot, notre position relative décroît.

Qui dit enrichissement dit croissance en première lecture. Or la croissance du PIB français ne fait que diminuer depuis plusieurs décennies. Entre 2010 et 2019, le PIB a crû en moyenne annuellement de 1,38%. La décennie précédente, entre 2000 et 2009, cette même moyenne fut de 1,46%. Remontez de 10 ans encore, la moyenne fut de 2,02%. Elle fut de 2,35% entre 1980 et 1989 (source : INSEE). Et ainsi de suite si vous remontez jusque dans les années 60. »

Je pourrais également vous parler du déficit de l’Etat qui atteint 40% dans le PLF 2024, de la dette publique qui a atteint plus de 3000Md€ et dépasse désormais 100% du PIB, de notre déficit commercial qui a explosé avec la guerre en Ukraine. Et j’en passe. Voilà, c’est fini, je ne vous importune plus avec des chiffres. Mais reconnaissez qu’ils ne forment pas matière à pavoiser.

C’est aussi à la lumière fébrile de notre appauvrissement que j’observe certaines de nos réformes sociales comme la retraite et le chômage. L’Etat, lui-même de plus en plus endetté et donc plus pauvre, réduit sa générosité. On peut le regretter évidemment, mais ceci explique cela.

Lentement mais inexorablement la France s’appauvrit, même s’il y a des exceptions en son sein et que ces exceptions peuvent parfois choquer. Tout n’est pas noir bien sûr, vous m’opposerez par exemple l’allongement de la vie en bonne santé ou nos nouveaux modes de consommation qui passent par l’utilisation d’objets connectés aux budgets croissants. Heureusement que le tableau a ses touches de couleur!

Mais nous n’aurons pas beaucoup le choix de nous habituer à vivre avec moins et donc plus pauvrement. C’est un peu ce que disait notre Président le 25 août 2022. L’allocution est plus loin dans cette lettre. C’est très certainement aussi une bonne chose pour la planète qui souffre de surconsommation par une partie de ses habitants.

Mais si nous ne voulons pas tous nous appauvrir au point de nous demander comment se loger, se nourrir et envoyer nos enfants à l’école, il faudra bien nous réconcilier avec l’idée de création de richesse. Difficile message à entendre quand l’environnement occupe d’abord les esprits. 

Pouvons-nous nous réconcilier avec la création de richesse tout en nous réconciliant avec la nature? Si seulement j’avais la réponse. 

Martin  

Un édito signé Martin Videlaine

Je m’appelle Martin Videlaine. J’ai créé et dirige BlueBirds. Nous proposons les services de 6 000 indépendants à haute valeur ajoutée, consultants freelances, managers de transition et experts en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient.

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Bruno Colmant, Président du conseil d’Administration

Brederode

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