De l’éducation
Si je vous parle d’éducation ce matin, c’est pour faire le lien avec le podcast de la semaine.
CleverConnect cherche à faciliter le travail des entreprises qui souffrent des difficultés qu’elles ont à identifier et recruter leurs futurs talents. Le lien entre difficulté systémique à recruter et effondrement de notre système éducatif est direct. Ce n’est pas seulement moi qui le dis, mais aussi Xavier Ragot, Président de l’OFCE dans un article des Echos cette semaine: « Ce qui inquiète les entreprises, c’est le décrochage éducatif français ». En cliquant sur le lien, vous pourrez avoir accès à l’article.
J’ai eu la chance d’avoir des parents passionnés par l’éducation.
Déjà enfant, j’avais compris grâce à eux le rôle déterminant qu’elle joue chez tout un chacun. C’est aussi pour cela qu’avec mon épouse nous avions lu « Tout se joue avant 6 ans » au moment où arriva notre premier né. « Tout » ne se joue peut-être pas pendant les 6 premières années de notre vie comme le dit le Docteur Fitzhugh Dodson, mais disons que c’est fondateur. Il faut 20 à 25 ans pour faire un adulte et construire celui ou celle qui arrivera sur le marché du travail. Je sais, on peut commencer à gagner sa vie bien avant, vous me pardonnerez ici de traiter le cas majoritaire.
Pendant ces 20 à 25 ans, nos parents sont en première ligne avec L’Education Nationale et l’Enseignement Supérieur.
J’étais jeune adolescent quand j’ai commencé à mesurer certaines des difficultés de l’Education Nationale. Mes parents avec quelques amis s’étaient mis en tête de créer une école, ce qu’ils parvinrent à faire contre vents et marées. Je me figurais à ce moment-là – et probablement aussi mes parents au début de l’aventure – que proposer de nouveaux bancs pour des élèves du CP au CM2 serait bien accueilli, favorisé, encouragé. Nous avions tous tort. Je ne me rappelle pas avoir vu ma mère tant pleurer qu’à cette époque. Les histoires qu’ils nous racontaient à table à cette époque étaient folles.
Quelques années plus tard, devenu moi-même père, j’avais observé de mes propres yeux les difficultés croissantes de notre système. L’année qui me marqua le plus fut celle où l’on demanda aux professeurs en primaire l’arrêt des notes et l’interdiction faite de demander aux élèves des devoirs de classe le soir. J’avais tout de suite vu que ma dernière assimilait moins bien. Quand certains parents inquiets comme moi avaient demandé que soient institués des devoirs optionnels, d’autres s’étaient insurgés de l’inégalité de traitement entre les enfants qui réaliseraient ces devoirs facultatifs et les autres. Certains élèves allaient devenir meilleurs parce qu’ils allaient travailler davantage, c’était tout à fait injuste. Devant une telle bronca, la professeure de ma fille recula. Il n’y aurait plus aucun devoir le soir, même optionnel. Tous les élèves auraient donc le même niveau et aucune initiative collective pour élever ce niveau en dehors des murs de la classe ne serait admise. Les initiatives individuelles, payantes celles-ci, s’y subsitueraient pour les parents qui pouvaient les offrir à leurs enfants. Les notes et les devoirs de classes pour tous avaient cédé leur place aux portefeuilles de quelques privilégiés dont je fais partie.
En 2011, quand j’avais eu la chance de réfléchir avec quelques collègues à la réforme du système de formation professionnelle au Maroc, nous avions regardé plusieurs pays dont l’Allemagne, la Corée et la France. J’avais été mal à l’aise parfois en comparant l’efficacité de systèmes étrangers avec le nôtre. Beaucoup de choses très positives ont été faites depuis pour la formation professionnelle en France, mais nous sommes encore si loin de certains benchmarks.
On nous le dit, on nous le rabâche, je l’ai personnellement vécu avec mes enfants. Le niveau scolaire en France s’effondre. En 2000, la France était respectivement 15ème, 11ème et 13ème en lecture, mathématiques et sciences au classement PISA. En 2018, ces classements avaient évolué aux 23ème, 25ème et 25ème places. Tant qu’un classement tendanciellement décroissant ne se stabilise pas, la tendance continue sur sa lancée. Or, pour l’instant, il n’y pas eu de stabilisation de ces classements. Il y a donc des raisons d’être pessimiste pour l’avenir. Je fais le vieux daron en obligeant mes enfants à s’exercer au calcul mental et à corriger le messages Whatsapp truffés de fautes d’orthographe en y ajoutant un emoji clignant de l’oeil en souriant😉. Ils râlent souvent, on en rigole parfois, ils font désormais toujours attention.
Si vous dirigez une entreprise ou son service RH et que vous ne travaillez pas déjà avec une plateforme comme CleverConnect, allez voir et faites-vous votre propre idée. On ne recrute plus en 2023 comme on recrutait il y a même 5 ans.
Et si vous êtes parent comme moi ou que vous souhaitez le devenir un jour, posez-vous cette question: « Pourquoi notre système éducatif s’est-il à ce point effondré? » En y répondant, peut-être cela vous aidera-t-il à choisir en conséquence les hommes et les femmes qui nous dirigent. L’éducation est en train de devenir l’un de nos tous premiers problèmes collectifs. Peut-être même le premier.
Martin
Un édito signé Martin Videlaine
Je m’appelle Martin Videlaine. J’ai créé et dirige BlueBirds. Nous proposons les services de 6 000 indépendants à haute valeur ajoutée, consultants freelances, managers de transition et experts en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient.
BlueBirds sponsorise Histoires d’Entreprises.
Le podcast de la semaine
Marko Vujasinovic, PDG de CleverConnect
Réinventer le recrutement à l’ère de la pénurie de talents
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