Se connaître
C’est un privilège que nous a donné Gilles Sauret Président du Directoire de Cofidis Group de répondre à mes questions. Cofidis Group est profondément enraciné dans le quotidien de nombreux Français. Il fait un peu partie de notre patrimoine désormais. Et puis Gilles est un homme à la parole rare. Il y a un calme et un choix des mots chez Gilles qui devraient tous nous inspirer. Je serais taquin, j’inviterais nos députés du moment à adopter le style de Gilles. Ecoutez-le, vraiment.
En écoutant de nouveau l’épisode en vue d’écrire ces lignes, je me suis surpris à entendre des choses que nous ressentons tous plus ou moins à défaut d’avoir mis des mots dessus : le monde est devenu incertain. Nous devons nous habituer à cette incertitude. Nous devons nous y habituer, mais surtout, nous devons nous y préparer. Ne croyons pas que nos prochaines crises seront lointaines ou même plus faibles que les dernières. Elles seront selon toute vraisemblance plus grandes encore et pourraient bien arriver demain. En un sens, notre difficulté à accoucher d’un budget pour la Nation en est une en attendant la suivante.
Je le dis en conclusion dans l’épisode du jour, ce n’est pas être oiseau de mauvais augure que de nous avertir des crises à venir. Elles sont la marque de fabrique d’un siècle où tout est soudain et imprévisible, le meilleur comme le pire.
Le concept d’un monde VUCA (Volatile, Uncertain, Complex and Ambiguous) a été théorisé la première fois par des chercheurs américains Warren Bennis et Burt Nanus dans leur ouvrage Leaders: Strategies for Taking Charge (1985). Il a été repris par l’U.S. Army War College pour décrire l’environnement stratégique post guerre froide. Le monde VUCA, nous venons d’y retourner où nous y sommes pour la première fois, mais nous y sommes.
Comment se préparer au mieux à ce monde VUCA ? Demandez à votre chat préféré, peut-être vous renverra-t-il vers les études venues d’outre-Atlantique de l’époque que j’évoque plus haut. En voici une. Peut-être vous dira-t-il aussi d’écouter le Président de Cofidis Group.
Gilles nous rappelle qu’il faut avoir un cap.
A la mer comme à la montagne
Avoir un cap aide toujours à avancer quand on est sur un bateau. C’est d’autant plus utile quand les vents sont changeants et que la tempête autant que les opportunités peuvent surgir à tout moment. « Focus et simplicité, disait Steeve Jobs, et vous pourrez déplacer des montagnes ». Le focus est une autre manière de dire « cap » et la métaphore prométhéenne de déplacer un gros tas de cailloux s’accommode bien de l’air marin soufflant la grande voile. Les comparaisons ne se ressemblent pas mais elles disent la même chose. Savoir où aller aide, que l’on soit terrassier, skipper ou chef d’entreprise.
En écoutant Gilles, vous saisirez mieux aussi j’espère la force de la connaissance du Groupe qui se dégage des paroles de son Président. Mieux se connaître, mieux accepter ses faiblesses, savoir ce qui nous rend unique, tout cela représente de formidables atouts pour faire face au monde qui vient. Dans un environnement constamment en changement, savoir dire « je suis comme je suis » aide à se donner un cap. C’est vrai en entreprise comme dans le cercle privé.
En un mot, se connaître, c’est préparer l’avenir.
Le cardinal Sarah
Il y a de cela bientôt six ans, j’avais écrit une histoire aux clients de BlueBirds. Elle me semble résonner avec l’épisode du jour. J’étais moins lu, je me permets de vous la rappeler ici. Le cardinal Robert Sarah – il était sur les rangs pour devenir pape il y a quelques mois – dans son Entretien sur la foi « Dieu ou rien » raconte une parabole que j’affectionne tout particulièrement. La voici.
Un jour un vieux professeur fut engagé pour donner une formation sur la planification efficace de son temps à un groupe d’une quinzaine de dirigeants de grandes entreprises. […] Debout, il les regarda un par un, lentement, puis il leur dit : « Nous allons réaliser une expérience ».
De dessous la table, le professeur sortit un immense pot de plusieurs litres qu’il posa délicatement en face de lui. Ensuite, il exhiba une douzaine de cailloux à peu près gros comme des balles de tennis et les plaça délicatement, un par un, dans le grand pot.
Lorsque le pot fut rempli jusqu’au bord, et qu’il fut impossible d’y ajouter un caillou de plus, il leva les yeux vers ses élèves et leur demanda : « Est-ce que le pot est plein ? ». Tous répondirent : « Oui ».
Il attendit quelques secondes et ajouta : « Vraiment ? » Alors il se pencha de nouveau et sortit sous la table un récipient rempli de graviers. Avec minutie, il versa ces graviers sur les gros cailloux puis brassa légèrement le pot. Les morceaux de graviers s’infiltrèrent entre les cailloux jusqu’au fond du pot. Le vieux professeur leva à nouveau les yeux vers son auditoire et redemanda : « Est-ce que le pot est plein ? » Cette fois, ses brillants élèves commencèrent à comprendre son manège. L’un d’eux répondit : « Probablement pas ! »
« Bien ! » répondit le vieux professeur. Il se pencha de nouveau et cette fois sortit du sable de sous la table. Il le versa dans le pot. Le sable alla remplir les espaces entre les gros cailloux et les graviers. Encore une fois il demanda : « Est-ce que le pot est plein ? » Cette fois, sans hésiter et en chœur, les élèves répondirent : « Non ! »
« Bien ! » répondit le vieux professeur. Et comme s’y attendaient les élèves, il prit le pichet d’eau qui était sur la table et remplit le pot jusqu’à ras bord.
Le vieux professeur dit alors : « Quelle grande vérité nous démontre cette expérience ? » Pas fou, le plus audacieux des élèves, songeant au sujet du cours, répondit : « Cela démontre que même lorsqu’on croit que notre agenda est complètement rempli, si l’on veut vraiment, on peut y ajouter plus de rendez-vous et plus de choses à faire. »
« Non, répondit le vieux professeur, ce n’est pas cela ! La grande vérité que nous démontre cette expérience est la suivante : si on ne met pas les gros cailloux en premier dans le pot, on ne pourra jamais les faire tous entrer ensuite. » […] Il y eut un profond silence […].
Le vieux professeur dit alors : « Quels sont les gros cailloux dans votre vie ?»
Martin
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