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L’amour de la science

L’économie est une série de poupées gigognes. De l’extérieur, on ne voit que la plus grande poupée, celle qui saute aux yeux : nos achats en ligne, notre baguette le soir et le week-end, ce qui défile malgré nous sur la colonne débit de notre compte bancaire.

Ouvrez cette première poupée et vous en découvrirez une autre, avec la même forme, les mêmes couleurs. Elle est seulement un peu plus petite. Pas beaucoup plus petite, mais certainement moins visible. Elle est l’activité des entreprises qui s’échangent chaque jour des biens : Intermarché achète à Coca-Cola pour que vous puissiez remplir votre caddie, la SNCF achète à Newrest pour que vous puissiez faire une pause au wagon restaurant, Stellantis achète à OPmobility pour que vous puissiez rouler.

Ouvrez cette dernière poupée et vous en découvrirez une autre encore. Même forme, mêmes couleurs encore. Elle s’appelle les services entre entreprises : IT, transport, conseils comme ceux que BlueBirds propose à ses clients B2B.

Pour que ces poupées existent, il en faut une plus petite encore. C’est cette poupée qui me préoccupe par sa disparition régulière sous nos yeux. Elle s’appelle l’industrie, celle qui fabrique. On peut s’échanger des biens comme plus haut sans les fabriquer. Qui se soucie d’où vient le coca que vous avalez à part quelques originaux comme moi ? Vous connaissez mes inquiétudes de notre désindustrialisation, je n’insisterai pas trop, même si le sujet n’est pas loin encore dans l’épisode du jour.

Aujourd’hui, je vous invite à écouter Ilham Kadri. Ilham est CEO of Syensqo née de Solvay. Elle est aussi Présidente du Cefic et de l’ICCA. Elle est docteure, membre de plusieurs boards dont l’Oréal. Bref, Ilham est une dame rare et pour vous dire le fond de ma pensée, nous rencontrons rarement une femme de cette envergure dans ce podcast. Alors oui, filez l’écouter. C’est en anglais, il faudra faire un petit effort pour celles et ceux qui regardent Netflix avec les sous-titres en français.

La plus petite poupée

Ilham fait partie des plus grandes pour incarner la plus petite de nos poupées gigognes : la chimie. (Elle concurrence en cela l’agriculture). La chimie est la mère de toutes les industries pour une raison assez simple : son substrat est la matière elle-même. Notre monde en tension l’a bien compris. Le découplage de nos économies commence avec la matière. Comment expliquer autrement les nouvelles restrictions chinoises à l’exportation de terres rares ? Ces dernières ne sont rien de moins que des éléments aussi perdus qu’essentiels sur le tableau de Mendeleïev.

Pas de chimie, pas d’industrie. Pas d’industrie, pas de services entre entreprises. Pas de services B2B et les rayons de votre supermarché seront aussi vides que votre frigo un jour de retour de vacances.

La chimie est à l’industrie ce que les hommes de l’ombre sont à celles et ceux qui ont fait l’Histoire : indispensable. Rien, absolument rien à quelques rares exceptions près n’est pas passé par un processus chimique : le smartphone que vous tapotez pour lire ces lignes, la chaise sur laquelle vous êtes assis, les parois en verre de votre micro-onde, votre maquillage et votre mousse à raser.

Si nous devions sauver une industrie, une seule, ce serait la chimie.

Ilham vous raconterait cela bien mieux que moi. Quand on a dirigé Solvay comme Ilham, la chimie on connaît. Craignant de vous perdre à cet instant précis, je ne vous raconterai pas dans le menu détails qu’il n’y a pas une chimie mais des chimies. Retenez tout de même ceci : à côté de la chimie de base, cœur de métier désormais de Solvay, vous trouverez la chimie de spécialités, métier de Syensqo que dirige Ilham. Ce qui est assez dingue dans le cas de Syensqo c’est sa genèse. Syensqo est née de Solvay quand Ilham dirigeait le Groupe emblématique belge. C’est Ilham et ses équipes qui se sont dit un jour – cela ne s’est pas fait en un jour – qu’il fallait couper Solvay en deux. Solvay resterait Solvay et naîtrait Syensqo. Chacune se spécialiserait dans son domaine.

Promis, nous avons été vigilants à ne pas vous perdre dans des formules chimiques abscondes dans l’épisode du jour. Vous découvrirez quelques anecdotes croustillantes, notamment sa rencontre avec Sam Altman PDG d’OpenAI. Vous comprendrez qu’Ilham est signataire avec plus de 1000 dirigeants de la Déclaration d’Anvers, celle-là même qui invite la Présidente de la Commission Européenne à établir une stratégie industrielle au niveau européen. Rappelez-vous, nous en avions fait un épisode entier. J’avais alors interviewé Marko Mensink, Directeur Général du Cefic. Le Cefic anime la Déclaration d’Anvers. Il est placé sous la présidence d’Ilham.

Enfin, vous découvrirez l’amour d’Ilham pour les sciences. Cela fait chaud au cœur d’entendre une dirigeante de premier plan nous rappeler les apports de la science, surtout aujourd’hui. Notre rapport à la science a changé en même temps que nous avons découvert son côté sombre. Or la science a toujours servi et servira toujours l’homme, nous avons un peu tendance à l’oublier. Ilham nous rappelle cette évidence et je veux ici la remercier. Elle me lit comme vous ce matin.

Comme j’ai envie de finir ces lignes sur une note positive, je vous joins une photo qu’il m’arrive parfois de scruter après avoir regardé encore et encore les épisodes de e-penser et de science étonnante sur Youtube. Ces deux émissions vous rappelleront les joies de vos cours de prépa ou vous permettront d’accéder à une science vous semblant au départ inaccessible.

Einstein


La photo à laquelle je fais référence fut prise en 1927 à Solvay en Belgique, du nom de la société éponyme dont il est un peu question aujourd’hui.

Au centre, vous reconnaîtrez Einstein (Nobel en 1921) qui douze ans plus tôt avait mis au point la théorie de la relativité générale. Notre poids n’est pas une force nous dit-il. La masse déforme l’espace-temps, nuance. Le temps n’est pas universel. Il s’écoule différemment selon que l’espace est plus ou moins dense en matière. Le tic-tac de votre montre n’est pas celui de votre voisin. Il fallait être génial pour imaginer de telles hypothèses largement démontrées depuis.

A deux sièges de lui, vous reconnaîtrez aussi Marie Curie (Nobel de physique en 1903 et Nobel de chimie en 1911). Une de nos plus célèbres scientifiques à deux chaises de l’un des plus grands physiciens de l’histoire humaine – peut-être le plus grand avec Newton -, reconnaissez que cela claque. Marie Curie aussi était géniale. Elle est la seule personne dans l’histoire du prix Nobel à avoir été lauréate dans deux disciplines différentes.

En fait, si votre culture scientifique dépasse les plus célèbres des plus célèbres, vous savez déjà que tous sur la photo sont des géants de la science. Planck (Nobel en 1918) à l’origine de la constante portant son nom est à la droite de Marie Curie. A la gauche de celle qui découvrit la radioactivité, vous pouvez voir Lorentz qui donna son nom aux équations de l’électromagnétisme. Il fut Nobel en 1902. Tout à fait à droite en bas, portant son chapeau, c’est Langevin. Il inventa le sonar. Il était aussi communiste, personne n’est parfait. En haut, vous pouvez apercevoir Heisenberg (Nobel en 1932) et Schrödïnger (Nobel en 1933) pères de la physique quantique avec Niels Bohr (Nobel en 1922) au deuxième rang au-dessus de Langevin. Sur la même rangée que Bohr : Max Born, Louis de Broglie, Paul Dirac. Il furent Nobel respectivement en 1954, 1929 et 1933. Notre société ne serait pas ce qu’elle est sans eux.

Un siècle a passé depuis cette photo. Cette femme unique en son genre et ces hommes amoureux des costumes trois pièces et de la moustache avaient confiance en la science. Ils transmirent leur passion et leurs découvertes à leurs suiveurs qui continuent de se gratter la tête en tentant de déchiffrer leurs équations. Pas de nostalgie dans mes paroles mais tout de même. Réapprenons à avoir confiance en la science.

S’il vous fallait un outil pour cela, prenez le temps d’écouter llham dans le podcast qu’elle anime « AND is the new future ». Dans son dernier épisode daté du 22 octobre, elle interviewe Erica Nemser, CEO de Ardent. Ardent développe des technologies de capture de carbone.

Quand je vous dis qu’il faut de nouveau faire confiance à la science.

Martin