Le chat et l’eau
Il y a comme cela des sociétés qui vous donnent envie comme vous pouvez tourner le regard vers une silhouette. La curiosité, l’intérêt, l’attirance ne s’expliquent pas toujours. En matière professionnelle, l’acquis des premières années prend cependant souvent une place prépondérante dans la suite.
Ma vie professionnelle a initialement tourné autour de deux secteurs : l’énergie d’abord, essentiellement avec EDF comme client et un homme qui fut mon premier mentor. J’ai eu de la chance, cet homme co-dirige aujourd’hui le comité exécutif d’un cabinet leader mondial du conseil en Direction Générale. C’est vous dire si j’ai été bien formé. Le retail ensuite, essentiellement avec Casino et Carrefour comme clients et un homme qui fut de fait mon deuxième mentor. J’ai eu de la chance là encore. Il dirigea pendant quelques années le bureau parisien de ce même cabinet de conseil. C’est vous dire si j’ai vraiment été bien formé. Savoir si j’ai été à la hauteur de leur formation est une autre question. Mon malheur vient du bureau qu’ils partagèrent longtemps tous les deux. Il m’était impossible de jouer de leur agenda, ils n’avaient qu’à se parler. Deux mètres les séparaient.
Je dois beaucoup à ces deux hommes. Je ne serai pas là à vous écrire sans eux. Ils avaient vite détecté que je n’étais pas trop mauvais consultant. Ils avaient surtout identifié un don regrettable à m’exprimer quand il aurait fallu me taire. Il se trouve que c’était aussi l’un de leurs péchés mignons. Ils avaient donc laissé faire. A posteriori, je me rends compte que c’est surtout cela qui nous a lié en plus d’un lien mentor-mentee que le temps altère peu. Nous avons toujours plaisir à retrouver celles et ceux qui nous ont fait grandir, fut-ce parfois dans la sueur. En me souvenant de ces moments aussi singuliers que difficiles, je me rappelle cette expression issue d’Alexandre Souvorov et transformée à la sauce occidentale : « Entraînement facile, guerre perdue. Entraînement difficile, guerre difficile ». Nous sommes en guerre économique et je dois mon entraînement à mes deux mentors.
A la croisée des mondes
Rexel est au croisement de ces deux mondes, l’énergie et le retail. C’est ce qui explique que je sois particulièrement heureux de partager avec vous l’épisode du jour. L’énergie et le retail se croisent rarement sauf à vous proposer un abonnement de fourniture en électricité et en gaz. Ce serait oublier la fourniture de matériel électrique à destination des professionnels. C’est le métier de Rexel qui a réalisé l’année dernière un peu moins de 20Md€ de CA dans le monde. En fait si, l’énergie et le retail se croisent visiblement beaucoup.
Ce qui m’a toujours plu dans l’énergie, c’est sa complexité. La simple fabrication d’un électron n’a rien de simple. Et je ne vous parle pas du gaz que l’on peut liquéfier, transporter par bateau, stocker, et enfouir sous la mer en attendant l’hiver. L’énergie, qu’elle soit liquide, gazeuse ou électrique ne se laisse pas dompter facilement pour qui s’y intéresse. C’est là le premier intérêt que je lui ai toujours trouvé en plus d’être assez utile à la vie courante. Passées cette complexité naturelle au premier regard et quelques nuitées à en comprendre les tenants et aboutissants, l’énergie se laisse finalement apprivoiser.
C’est un peu l’opposé pour le retail. Nous sommes tous consommateurs de yaourts et de serviettes de bain. Il y a une apparente facilité à plonger dans les problématiques des retailers, qu’ils soient B2C ou B2B. Et puis plus vous approfondissez, plus vous vous rendez compte que le secteur est d’une extraordinaire complexité. Les marges sont souvent si étroites que la moindre petite erreur de gestion ou d’approximation de vos opérations vous fait passer dans le rouge. Le retail, c’est un peu comme avoir une casserole sur le feu. Il faut constamment surveiller.
Les chats et l’eau
Alors mélangez énergie et retail, rajoutez-y un zeste de culture française amoureuse de simplicité comme les chats de l’eau et vous vous retrouvez avec un bouillon de complexité.
En écoutant Thomas dans l’épisode, vous mesurerez j’espère l’étendue des problématiques de Rexel. Thomas nous fait découvrir ses segments de clients et ses canaux de distribution. Il nous raconte la relation que ses équipes entretiennent avec leurs 170 000 clients, comment son offre évolue au gré des innovations venues de France, de l’UE mais aussi de l’autre extrémité de la Terre. Nous nous attardons longuement sur les bornes de recharges de véhicules électriques, les IRVE. Vous comprendrez à quel point ces bornes sont une petite révolution pour Rexel et ses clients. Elles illustrent beaucoup des changements en cours dans le Groupe.
Dans ce qui fait le sel des métiers du Groupe, vous trouverez la relation client – distributeur. Elle se construisit tout d’abord en agence, elle se renforça par les centres d’appels puis les interfaces digitales. Elle s’appuie maintenant de plus en plus sur l’IA. Cette relation s’étoffe de nouveaux outils, de nouveaux process, de nouveaux software, mais à la fin, (ou au début, c’est selon), demeure la relation. Chez Rexel comme chez beaucoup d’autres, l’IA remplacera quelques hommes et femmes. Surtout, elle renforcera leurs liens avec leurs clients. Gilles Sauret, Président du Directoire de Cofidis Group le raconte bien mieux que moi dans un épisode à venir.
La parole de Thomas est vive. Vous remarquerez à quel point elle est tout à la fois fluide et authentique d’un côté et structurée de l’autre. Venant d’un PDG, on n’en attendait pas moins. Mais ce qui frappe ici c’est la combinaison du naturel de la parole et de la structuration de la pensée. Dans un style différent, l’épisode de la semaine me rappelle celui de la semaine dernière avec Jacques Trottier, PDG de Labeyrie Fine Foods. C’est d’une extraordinaire richesse tout en étant facile d’accès.
Rexel est absolument partout dans notre quotidien car l’électricité est partout. Pourtant, à part les connaisseurs du secteur, qui connaît Rexel ? Il y a une discrétion chez cet acteur qui me plaît bien. On peut être au centre de la vie de millions de citoyens dans le monde et pourtant leur être parfaitement inconnu. Ce qui est vrai ailleurs est vrai ici. Les Français ne connaissent pas Rexel.
Rexel fait partie de « ces forces silencieuses de l’industrie » comme je le dis en conclusion en référence à Alice Connan. Alice est dans les équipes de Thomas. Elle m’aida à y voir plus clair sur l’avenir de l’industrie en France quand je commençais à m’intéresser au sujet il y a 3 ans. Elles ne font pas de bruit (sauf lors de leur grand raout Porte de Versailles du 13 au 17 octobre. Rexel France y invite tous ses clients. Vous pouvez vous joindre à eux.) Elles travaillent humblement à vous apporter cet électron si cher à votre quotidien. Elles ne le fabriquent pas cet électron, elles le transportent.
Grâce à Rexel et aussi un peu grâce aux fournisseurs d’électricité, votre téléphone se réveille chaque jour chargé prêt à en découdre. Votre cafetière vous sert. Votre rasoir vous rend agréable à regarder, votre sèche-cheveux vous embellit. Votre véhicule électrique vous emmène à bon port si ce n’est pas le métro ou le RER. L’ascenseur vous emmène jusqu’au bureau. Votre ordinateur s’allume. Vos emails partent comme celui-ci envoyé aussi à Denis Depoux et à Olivier de Panafieu à qui je dois tant. Votre journée débute.
Comme ce dimanche réchauffé par un café qu’une machine vous a nonchalamment préparé.
Martin
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