Ce podcast est sponsorisé par BlueBirds

Logo sponsor Bluebirds   AccueilContact

Du cuivre

Vous connaissez tous ou presque Nexans. C’était donc pour moi un privilège de rencontrer son CEO nous raconter l’histoire de la société qu’il dirige. Notre entretien est plus bas dans cette newsletter.

Nous avons évidemment parlé de transition énergétique avec Christopher Guérin. Il la résume d’une phrase : « Notre transition énergétique est une transition vers le tout électrique ».

Ayant moi-même un long passé professionnel dans l’énergie et plus particulièrement dans l’électrique, j’étais plutôt dans ma zone de confort s’agissant du thème que nous allions aborder. Et puis il faut reconnaître que Christopher met tout de suite à l’aise. Cet entretien allait donc être plus facile que d’autres, en tous cas plus facile que celui de demain où je dois me préparer à rencontrer André Comte Sponville pour parler du bonheur du travail. Mes cours sur Spinoza remontent à quelques années !

Mais on n’atterrit pas CEO d’une société du SBF 120 par hasard, j’étais donc vigilant lors de notre échange. Pourrait bien arriver un moment où le cours de notre entretien m’échapperait.

Il est arrivé ce moment quand Christopher me dit calmement : « II n’y a pas assez de ressources en métal pour subvenir aux besoins de la transition énergétique de l’Europe, des Etats-Unis et de la Chine ». La Terre n’est pas assez grande, nos besoins sont trop grands.

Boom. 

Je suis resté sans voix quelques instants. Comment cela pas assez ? « Tu veux dire que nos capacités de production ne grandissent pas assez vite c’est cela ? » « Non, ce n’est pas une question de vitesse. Il n’y a pas assez de matière première sur la planète. »

Un immense mur tout à la fois invisible et infranchissable se rapproche de nous (ou réciproquement, c’est selon) et il est pour l’instant sous les écrans radars des principaux media.

Si l’électrique doit remplacer le pétrole et le gaz mais qu’il n’y pas assez de métal sur notre planète pour fabriquer cette énergie électrique, on imagine sans trop de mal quelques conséquences de notre rapprochement vers ce mur de manque de métal.

1/ Les prix augmenteront dans un premier temps. C’est déjà le cas. Le prix de la tonne de cuivre tournait autour 1000€ entre 1960 et 2000. Il s’est emballé à partir de 2003 pour atteindre un premier pic un peu en dessous de 5000€ fin 2022. 

2/ Devenant cher, le cuivre attirera les convoitises et suscitera quelques comportements qui n’honorent pas l’espèce humaine. C’est aussi déjà le cas. Vous avez déjà très certainement entendu parler des vols de bobines de fils électriques ou de tuyaux de plombiers sur les chantiers de construction. A une échelle industrielle, Auribus, premier producteur européen de cuivre, annonçait début septembre dernier un « écart de stock » dû à un vol organisé. Le cours de la société dévissait de 15% le jour de l’annonce. Les Echos racontent l’épisode ici : Le géant du cuivre Aurubis se dit victime d’un vol massif de métaux | Les Echos

3/ Il faudra ensuite revoir notre géopolitique organisée aujourd’hui autour des pays qui produisent l’or noir et le gaz et construire de nouvelles relations avec ceux qui produisent le cuivre mais aussi le nickel, le lithium, l’argent et tous ces métaux qui vont manquer dans le futur. Le Chili et le Pérou représentaient à eux deux un peu moins de la moitié du minerai de cuivre extrait de notre sol en 2020. Les choses se corsent quand on regarde les pays raffineurs de ce cuivre. (On passe du concentré de cuivre obtenu sur les sites miniers depuis le minerai, au métal de cuivre par « raffinage ». Un site de raffinage n’est pas nécessairement sur le site de la mine). La Chine est très loin devant en volume de cuivre raffiné produit. Je vous épargne les chiffres. Pour les curieux, ils sont ici : Cuivre raffiné produit par pays 2017 | Statista

4/ Rêvons un peu, nous aurons sécurisé notre approvisionnement avec des contrats longs d’approvisionnement pour toutes ces matières devenues critiques.

5/ De même que des guerres encore récentes sont nées de l’appât du pétrole, des conflits naîtront pour accéder à la ressource de métal. Des tensions entre l’Europe et la Chine ne manqueront pas d’advenir s’agissant de notre approvisionnement en métaux, et plus particulièrement en cuivre. Ces tensions seront moins grandes et notre dépendance aussi si l’Europe développe ses propres capacités de raffinage.

6/ Et puis ces ressources naturelles disparaîtront en même temps qu’elles seront de plus en plus recyclées. 

Dieu que ces lignes sont gaies! Heureusement, des hommes comme Christopher Guérin conservent leur enthousiasme. Il tente à sa manière de nous montrer le chemin. Il y croit, alors moi aussi j’ai envie d’y croire. Ecoutez-le, c’est vraiment passionnant. 

La fin « d’un » monde n’est pas la fin « du » monde. A nous de construire le prochain ! 

Martin

Un édito signé Martin Videlaine

Je m’appelle Martin Videlaine. J’ai créé et dirige BlueBirds. Nous proposons les services de 6 000 indépendants à haute valeur ajoutée, consultants freelances, managers de transition et experts en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient.

BlueBirds sponsorise Histoires d’Entreprises.

logo bluebirds

Le podcast de la semaine

Christopher Guérin, CEO de Nexans

NEXANS

Écouter l’épisode

Le podcast de la semaine